Née dans le Bas-du-Fleuve, Miville (de son vrai nom Jennifer Tremblay), qui a grandi et étudié en scénographie au Conservatoire d’art dramatique à Québec, est aussi une créatrice de costumes réputée dans le milieu de la télévision montréalaise et du théâtre. Elle s’est mérité deux nominations aux Gémeaux dans la catégorie: Meilleure création de costumes, en fiction. Miville pratique la gravure depuis quelques années; son eau forte Genèse a été acquise par la Bibliothèque des archives nationales du Québec (BanQ) et deux de ses œuvres abstraites font aussi partie de la collection d’œuvres d’art publique de MEMORIA. L’artiste a participé à plusieurs expositions collectives dont, entre autres, au Centre national d’exposition de Jonquière (CNE) et à la Foire d’art contemporaine de St-Lambert (FAC), ainsi qu’aux États-Unis pour Scope à New-York et pour International art show Red Dot à Miami.
Miville peint à la fois abstraction et portrait, dans un traitement diamétralement opposé. Contradictoire, mais se parlant néanmoins l’un et l’autre, au final, de manière totalement complémentaire. Son travail abstrait explore principalement 2 courants du milieu du 20e siècle, soit l’action painting et le minimalisme. Ses influences plastiques sont de la même époque. Le rapport de force versus l’apesanteur est au cœur de sa démarche. L’investissement du corps est total lorsqu’elle peint; sa gestuelle est viscérale, ancrée, entière et fougueuse, voire presque brutale. Elle visualise de manière méditative et s’élance intuitivement dans un même souffle, non pas par automatisme. Le résultat est épuré et esthétique, sans couvrir totalement la toile de coton brute, en apesanteur.
Inspirée par l’architecture, autant organique qu’urbaine; masse et volume côtoient équilibre, lignes et lumière dans ses œuvres. La structure architecturale l’amène à sortir de son mouvement naturel déjà circulaire. La composition spaciale est, pour Miville, la respiration du tableau. Ses toiles sont montées sur faux cadres une fois peintes, ce qui lui permettra de jouer avec les formes et l’espace. Elle compose sa palette de pigments acryliques, mélange ses propres couleurs, toutefois le noir et le blanc sont omniprésents dans son travail.
Miville invite le spectateur à investir sa peinture afin de lui donner son sens et s’approprier son histoire. Elle définit par là même sa définition de la beauté qui n’apparaît que par le sentiment et l’histoire évoqués chez le spectateur à travers son travail pictural. Selon elle, le minimalisme influence notre bien-être au quotidien. « La raison en tient à une certaine psychologie de la connaissance. S’agissant de la beauté, qui est une modalité de l’absolu, on commence toujours par sentir ce que l’on pense ; on ne comprend réellement que ce que l’on a d’abord saisi par le sentiment. » Utilité du beau – prose philosophique de Victor Hugo. Le personnage et sa psychologie habitent Miville, elle est grandement inspirée par l’expressionnisme allemand ; son aspect subjectif et son fonctionnement instinctif. À travers le portrait, elle développe la notion d’identité et de genre par une réflexion qui débute par la photographie. Elle en tire un autoportrait personnel, en exagère et transforme ensuite les traits physiques au crayon sur la toile, puis se met en scène de façon solitaire. Ses figures sont cadrées en plan rapproché poitrine afin de se concentrer sur le visage et que le spectateur porte attention aux émotions et à la psychologie du personnage. L’interaction prime. Situés dans un « No man’s land » abstrait, tantôt mi-arrogants, mi-blasés, inquisiteurs ou mélancoliques, ses portraits, dont le regard se pose le plus souvent sur le spectateur, semblent en savoir plus que lui.
Miville cultive l’étrange, parfois dérange. La déformation de la ligne l’anime, elle réinterprète la notion de beauté dont l’esthétisme varie selon les tableaux. Nouvellement de retour à l’huile, le graphite prend sa place énergiquement à travers son coup de pinceau. Elle assume une palette de couleurs unique et audacieuse, du rouge japonais aka au saumon, en passant par toutes les tonalités de vert. Miville traduit à sa façon, dans le même élan que les expressionnistes à l’époque, son angoisse face au monde et à la société tel qu’elle le perçoit aujourd’hui.
CITATIONS DE PRESSE
« Embrassant l’automatisme et l’expressionnisme abstrait, Miville a hérité de la fulgurance d’un Marcel Barbeau et des approches plastiques et spirituelles de Franz Kline et d’Antoni Tàpies. »
– Éric Clément, LA PRESSE
« Il y a dans les toiles de Miville une brutalité subtile, un incroyable raffinement – j’allais dire une tendresse – dans ce qui paraît d’abord être un défoulement. C’est doux et violent à la fois. »
– Mathieu Laca, PEINTRE
« Malgré la bordure échevelée des toiles brutes, les gouttelettes de peinture tombées du pinceau et les traces marquées par l’usure de ses brosses de peintre en bâtiment, les œuvres sont finement dosées. Elles ont une clarté, une netteté, une fulgurance qui rappellent certaines toiles de Joan Mitchell ou de Marcelle Ferron. »
– Josianne Desloges, LE SOLEIL, QC
« Miville a un bon sens du mouvement et de l’esthétisme comme de la composition. »
– Malgosia Bajkowska, COMMISSAIRE – SALON B
« L’inspiration des maîtres Tàpies, Franz Kline, Francine Simonin et Rita Letendre transparaît dans son œuvre. »
– Sandra Godin, JOURNAL DE QC